vendredi 27 mars 2009

RFID, traçabilité, circulation de l'information: Effets positifs de l'optimisation des "Supply Chain"

“You cannot measure what you cannot detect
You cannot control what you cannot measure
You cannot manage what you cannot control”
Cheng et Al. 1994 – Traceability in manufacturing systems

RFID est l’acronyme de Radio Frequency IDentification. En Français le terme utilisé est celui « d’identification par radio-fréquence ». La technologie est sophistiquée mais le principe en est simple. « L’étiquette » ou « tag », se compose d’une « puce » minuscule qui n’est pas autonome en énergie, associée à une antenne « bobinée ou imprimée » très réduite. L’ensemble est « éveillé » par un lecteur émettant un champs à basse ou moyenne fréquence. C’est le champs électromagnétique émis par le lecteur qui alimente la puce. Celle-ci exécute alors les programmes pour lesquels elle a été conçue . Tout un ensemble d’applications est possible, mais la plupart du temps ces puces sont « programmées » pour fournir des informations concernant le produit sur lequel elle sont implantées. Le document suivant illustre les grands types d’applications possibles de cette technologie en donnant un ordre de grandeur de la difficulté technique de l’intégration et des coûts.



Source : « Qu’est ce que la RFID »( http://www.maintag.com/pages/principesrfid.html )

Les applications sont multiples (télépéage, pass navigo de la RATP, emballages de produits, contrôle d’accès,...). Le coût de l’étiquette varie en fonction de la sophistication de la puce (les moins chères valant 0.1€).
La technologie est déjà ancienne puisqu’elle existe depuis que la R.A.F (Royal Air Force), l’a développée pour l’identification à longue distance de ses avions dans les années 50 (système ami ou ennemi). Le premier brevet ayant été déposé en 1969 aux Etats-Unis, c’est IBM, en 1990 qui est le premier à développer le « badge RFID ». Enfin en 2003 est créé le standard EPC intégrant les technologies RFID et internet » pour créer des réseaux de traçabilité. Dès 2005, Wal Mart, importante chaine de la « grande distribution » américaine adopte le système pour gérer l’approvisionnement de ses magasins.
C’est d’ailleurs dans le domaine de la logistique et de l’approvisionnement des unités de production que les application peuvent être les plus porteuses à l’avenir.
La SNECMA (groupe SAFRAN) vient ainsi de décider, de confier à une société l’étiquetage RFID des moteurs qu’elle construit afin d’assurer une traçabilité totale sur ses chaines de production. Cela permettant tout au long de l’assemblage à chaque technicien de disposer de toutes les informations le concernant (spécifications techniques, client destinataire,…). De plus, il s’agit de « tags » conçus pour durer plusieurs années et qui donc devraient ensuite faciliter la maintenance des appareils lors des visites d’entretien technique (informations fiables et rapides obtenues du produit lui-même à l’aide d’un simple lecteur).

Un autre exemple significatif concernant les effets positifs possibles des « étiquettes RFID » est celui de la filière bois, disponible sur le site internet de la chaîne « Euronews » .

Partant du constat que l’exploitation des forêts européennes n’est pas optimale avec la « perte » de vingt-cinq millions de mètres cubes de bois coupé, soit 10% de la production totale (ces derniers n’étant pas transformés en produit fini) des chercheurs ont essayé de développer des solutions innovantes. La technologie RFID fait ainsi l’objet d’études approfondies dans ce domaine. L’origine du problème est que l’identification du bois arrivant en scierie n’est pas claire, l’information n’étant pas transmise de façon optimale depuis le chantier de coupe. Ceci occasionne des déchets importants (non affectation du bois à la réalisation d’un produit).
Le gaspillage de l’ensemble de la filière serait ainsi du pour une bonne part à l’absence d’informations en continu sur le flux de bois alimentant les scieries. Ceci ayant des conséquences économique et environnementales importantes.
L’utilisation du bois pour entrer dans la fabrication d’un produit spécifique demande en effet des informations précises. L’enjeu en terme de traçabilité pour la filière est de savoir à quelle utilisation finale affecter un tronc d’arbre depuis le chantier de coupe. Un chantier expérimental en Suède utilise donc des puces RFID implantées au cœur des troncs d’arbres dès leur coupe avec un certain nombre d’informations (essence du bois, dimensions du tronc,…). Ces informations sont transmises via internet en direct aussi à la scierie.
Dans les prochaines années des « moissonneuses » pourront de façon automatisée couper le bois, en relever toutes les dimensions, et acquérir différentes informations sur sa structure afin d’implanter une étiquette RFID comportant toutes les données collectées en quelques secondes. Les puces RFID mises au point et opérationnelles sont entièrement en matériau naturel biodégradable et sont lues par scanner laser dans les scieries.

Le gain que représenterait l’adjonction systématique de puces RFID dans les troncs serait pour la filière bois très important . Cela permettrait une réelle optimisation de la gestion de la chaîne d’approvisionnement des scieries qui pourraient mieux adapter leurs objectifs de production par une meilleur connaissance de leur « matière première ». Cela permettrait aussi une gestion prévisionnelle et adaptée de la production (connaissance de l’importance du flux et des dimensions des morceaux de bois).

Cela permettrait aussi d’améliorer la gestion des stocks. L’enjeu est d’importance avec l’exemple donné d’une scierie française dont les stocks représentent 12 ha de superficie, 32.000 références, 22.000 mouvements par an. Sans opérations particulières, l’implantation d’un réseau RFID permettrait de connaître instantanément les informations stratégiques dont a besoin la scierie pour son approvisionnement (localisation de la pile de bois, ressource disponible et surtout qualité exacte de la matière première).
L’obstacle majeur, actuellement, au développement de la traçabilité dans la filière bois apparaît être, en pratique, le coût de la puce RFID biodégradable. Aussi la traçabilité passera-t-elle peut-être demain par le développement d’un marquage avec des « nanomatériaux ».

Quelle que soit la technologie qui sera choisie in fine (RFID ou marquage par nanoparticules distribuées au moyen d’encre) la traçabilité permettra un management des chaîne d’approvisionnement optimisé. Dans le cas de la filière bois, les gains économiques et environnementaux seront substantiels. Ce sera aussi le cas dans nombre d’autres secteurs d’activités, compte tenu de la grande diversité des application possibles de la RFID , ou des autres solutions techniques possibles émergentes. De nombreuses recherches sont ainsi en cours dans le domaine de la traçabilité dont le résultat sera d’accroître l’efficacité de la gestion de secteurs entiers de l’économie notamment du fait d’une optimisation du « management » de leurs « chaines d’approvisionnement ».

Florent MATTEI

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